lundi 5 novembre 2012

Interventions d'urgence et conséquences géopolitiques

Lors d’une catastrophe naturelle d’une telle ampleur, la gestion de la situation par ceux qui le peuvent est capitale. Malheureusement pour nos pakistanais, l’aide pour limiter les désastres de l’inondation de 2010 ne fut pas à la hauteur de la situation. Il s’agit d’abord d’une mauvaise gestion des autorités du pays elles-mêmes, fortement critiquée par plusieurs.

Youssouf Raza Gilani, ex-premier ministre du Pakistan
D’abord, le gouvernement a mal jugé l’importance de la catastrophe, et tout ce que ça pouvait causer comme dommages. Ainsi, lorsque ça a empiré, il fut totalement pris de court et ne put gérer comme il l’aurait dû. Le gouvernement de Youssouf Raza Gilani (Premier ministre du Pakistan de 2008 à 2012) se tourna alors vers l’aide internationale. Les réponses furent nombreuses, notamment de la part d’organisations non-gouvernementales telles que la Banque mondiale ou encore le Fond monétaire international; de la part l’ONU, qui a hébergé les réfugiés dans des écoles et fournit plusieurs tentes et des bâches à la population, de l’Union Européenne; et de la part de pays, comme les États-Unis, le Japon, la Suisse, la Chine, l’Arabie Saoudite avec le chiffre le plus élevé en dons financiers (362 millions de dollars), et plusieurs autres. Toute aide de l’Inde, pays voisin du Pakistan dont le territoire de ce dernier faisait partie il y a quelques décennies, fut catégoriquement refusée, à moins qu’elle ne passe par l’ONU. Pour ce qui est de l’armée pakistanaise, elle envoya au départ 30 000 soldats sur le terrain, puis, vers la fin, le nombre est passé à 60 000. L’inefficacité générale du gouvernement changea la perception du peuple face à lui, le rendant plus méfiant, entre autres.

Pour ce qui est de l’impact économique, La situation économique du pays étant déjà en fort mauvaise posture avant la catastrophe, celle-ci fut désastreuse, coûtant environ 5.3 millions d’emplois et replongeant le pays de plus belle dans l’instabilité.

Il ne faut pas oublier que l’inondation s’est déroulée dans un contexte d’insurrection islamiste. L’échec du gouvernement à prendre en mains la situation risquait de permettre aux islamistes d’accroître leur influence sur le peuple pakistanais, en offrant eux-mêmes de l’aide par exemple (c’est d’ailleurs ce qui s’est produit dans certaines régions de pays, au nord-ouest principalement –zone en brun sur la carte ci-jointe), et en recrutant de nouveaux combattants dans le chaos produit par la catastrophe. Les talibans en ont profité pour tenter d’attaquer certaines aides humanitaires externes (ou du moins, selon le gouvernement américain, qui n’est peut-être pas une source tout à fait objective sur ce point), et ont continué les actes de terrorisme malgré la situation. Ils ont également demandé aux autorités de refuser l’aide des pays occidentaux, majoritairement non-musulmans. Le chef de l’organisation Al-Qaïda Oussama Ben Laden a présenté ses sympathies pour les pakistanais touchés par l’inondation. Donc si on compile leurs actions avec la perte de confiance envers le gouvernement de la part du peuple à cause de son incompétence, l’événement fut un certain avantage pour les talibans. Néanmoins, ces derniers ne réussirent pas à prendre le pouvoir du pays grâce à ça, et le conflit est d’ailleurs toujours d’actualité de nos jours.

Oussama Ben Laden, défunt chef de l'organisation Al-Qaïda
 Félix Milette

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